Savoir travailler ensemble aujourd’hui demande d’apprendre à coopérer dans le conflit et même grâce au conflit. Or, les conflits réveillent beaucoup d’inquiétude et d’appréhension dans les équipes, le management et chez les dirigeants, car il est souvent associé à de la violence ou du harcèlement ou des tensions, de la compétition, de la rébellion... Toutefois, sans confrontation saine et constructive des points de vue, sans dialogue honnête et parfois contradictoire, sans prise en compte de la diversité, il n’y a pas de réelle coopération.
La Thérapie sociale opère une distinction radicale entre la violence et le conflit. Dans la violence, on ne voit plus en l’autre un égal en humanité, avec les forces et les faiblesses d’un être humain semblable à nous-même. On peut alors voir en l’autre quelqu’un d’inférieur, le nier, le diaboliser, le rendre monstrueux. Cette vision “déformée” de l’autre va nous pousser à le violenter, le forcer à changer, à devenir ce que nous voulons qu’il soit et faire ce que nous voulons qu’il fasse. Cette vision conduit à l’expression de violence(s) diverse(s) (par des mots, des silences, des regards, des sous-entendus…) qui varie(nt) en degrés d’intensité et de destructivité.
La violence apparaît quand il n’y a ni l’espace, ni le temps, ni de lieu pour exprimer et traverser les conflits inhérents à toute relation humaine. Elle est présente quand il n’y a pas la confiance nécessaire pour se parler et oser dire ce qu’on pense réellement. Lorsqu'il y a désaccords, tensions, contradictions, la violence est le moyen de s’imposer ou de dominer, de satisfaire ses besoins propres sans égard pour les autres. Transformer la violence en conflit implique donc de réparer quelque chose de nos relations aux autres. C’est en cela que consiste l’expérience du conflit et c’est cette expérience que permet l’intervention en thérapie sociale.
L’expérience du conflit s’effectue en groupe autour d’un projet commun ou d’un problème à résoudre collectivement. L’intervention en thérapie sociale offre un cadre d’expression et un mode d’accompagnement du conflit nécessaire dans la dynamique des équipes et des organisations.
On y rencontre progressivement nos obstacles relationnels, le travail mené collectivement permet de prendre conscience de ce que chacun fait dans sa relation aux autres. La transformation de la violence en conflit s’opère notamment par ce passage crucial : la reconnaissance de ses propres tentations de violence et la construction de la confiance dans le groupe pour les dépasser.
Cette expérience du conflit nous fait vivre nos désaccords et confrontations de points de vue de manière constructive, créatrice de lien, de sens et d’intelligence collective effective.